Préface
L’univers de la science des données et de l’intelligence artificielle se développe à la vitesse grand V, ici comme ailleurs dans le monde. Un développement qui se fait surtout en anglais, langue commune de la communauté scientifique internationale. Le Québec, comme pôle d’excellence en la matière, y joue un rôle important.
Toutefois, nos entreprises et organismes publics qui s’approprient les technologies qui en découlent le font généralement avec les termes et concepts en anglais, faute d’un lexique en français. C’est le cas aussi de notre communauté scientifique et du corps professoral universitaire et collégial qui œuvre dans ce champ du savoir et de la technologie, ou qui l’enseigne.
À titre de scientifique en chef du Québec et premier dirigeant des Fonds de recherche du Québec, il m’apparaît important de promouvoir et de soutenir la science et la recherche en français au Québec, et ce, dans toutes ses dimensions. Si l’anglais est la langue commune de la science et des plus grandes revues savantes sur le globe, le français au Québec et dans les pays de la francophonie demeure très vivant, que ce soit dans la production et le transfert de connaissances, la formation de la relève, et la communication scientifique auprès des milieux de pratique et de la décision, de même qu’auprès de la population.
Plus que jamais, il faut promouvoir la science en français pour qu’elle profite au plus grand nombre. C’est une exigence pour une société du savoir comme le Québec, une richesse pour la science qui se fait, qui s’enseigne et qui se diffuse partout dans la francophonie. La langue française fait partie de cette riche diversité linguistique sur les cinq continents, qui donne une couleur au savoir et qui nuance le propos pour tous ceux et toutes celles qui partagent les subtilités de cette langue selon la culture du pays ou du territoire.
Il devient important et pertinent de s’approprier le lexique de la science des données et de l’intelligence artificielle en français dès maintenant, afin de mieux comprendre ce domaine d’activité et d’être en mesure d’apprécier les futures avancées de ce champ d’expertise, et elles seront nombreuses.
Dans cette optique, le livre Les 101 mots de l’intelligence artificielle est un ouvrage essentiel pour nos entreprises, nos organismes publics et notre fonction publique. Il s’inscrit en droite ligne dans la volonté du gouvernement du Québec, par le biais de sa Stratégie d’intégration de l’intelligence artificielle dans l’administration publique 2021-2026, de doter l’administration publique de compétences numériques, notamment en matière d’intelligence artificielle. Une volonté qui s’exprime aussi par sa Stratégique de recherche et d’investissement en innovation 2022-2027, avec l’objectif d’augmenter la part des entreprises qui utilisent des technologies de l’intelligence artificielle. Tous ces milieux de travail auront enfin un outil pour le faire en français, ce qui aidera grandement à implanter les innovations de l’intelligence artificielle dans nos organisations.
Les 101 mots ou concepts incontournables de l’intelligence artificielle seront également d’une grande utilité pour notre relève en science des données et de l’intelligence artificielle, mais également pour la communauté scientifique dans son ensemble qui s’investit dans ce champ d’expertise ou qui s’y intéresse.
Exercice de vulgarisation qui va bien au-delà de la simple traduction d’un lexique, cet ouvrage sera aussi un outil utile pour que le plus grand nombre de nos concitoyens et concitoyennes puisse mieux comprendre la science des données et de l’intelligence artificielle. Je pense entre autres à nos enseignantes et enseignants qui pourront compter sur ce livre, en format papier et numérique, pour sensibiliser nos jeunes à cet univers et leur donner la piqûre de la science des algorithmes et des données, voire de la recherche en général. Si on veut augmenter la littératie scientifique et numérique au Québec, il faut le faire dans la langue du plus grand nombre. De ce fait, la création d’une terminologie en français s’applique à tous les domaines de la science et de la recherche en émergence comme le quantique, le métavers et autres.
Enfin, ce livre pourra s’avérer une contribution du Québec au bénéfice de l’ensemble de la francophonie engagée à faire avancer ce champ d’expertise, à réfléchir sur son développement responsable et équitable, et à en disséminer ses retombées.
Rémi Quirion
Scientifique en chef du Québec